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La lutte contre les discours de haine ne peut réussir sans une action collective et soutenue.


Dans un monde de plus en plus interconnecté, les discours de haine se propagent rapidement, alimentés par les réseaux sociaux et les plateformes numériques. Ces discours, qui visent à discriminer, stigmatiser ou inciter à la violence contre des groupes spécifiques, représentent une menace sérieuse pour la cohésion sociale et le respect des droits humains


Comprendre l'ampleur du problème

Les discours de haine ne se limitent pas à des propos isolés ; ils s'inscrivent dans un contexte plus large de discrimination et d'intolérance. Selon des études récentes, les incidents liés aux discours haineux ont augmenté de manière significative ces dernières années. Par exemple, une enquête menée par une organisation non gouvernementale a révélé que 70 % des personnes interrogées avaient été témoins de discours haineux en ligne au cours des six derniers mois. 

Ces messages toxiques, qui se propagent au sein des communautés et en ligne, touchent particulièrement les jeunes, majoritaires dans la population malienne. Pour préserver la cohésion sociale et garantir un avenir harmonieux, il devient urgent de renforcer leur résilience face à ce phénomène.

Quelles sont les causes sociologiques ?

Selon le sociologue Bréma Ely Dicko, plusieurs facteurs sociologiques expliquent la vulnérabilité des jeunes face aux discours de haine.

«  Le premier facteur est lié aux difficultés d’encadrement social, notamment au sein de la famille. Au Mali, c’est généralement la famille qui enseigne les valeurs fondamentales, comme la distinction entre le bien et le mal, l’honnêteté, la bonté, ainsi que les choix religieux », explique-t-il.

Cette situation est exacerbée par l’érosion des mécanismes de socialisation collective.

Les écoles et les cercles sociaux, autrefois garants de l’éducation morale, sont aujourd’hui fragilisés.

« La socialisation par les pairs ou à l’école est de plus en plus fragilisée, notamment en raison de la montée de l’individualisme. Les enfants sont souvent livrés à eux-mêmes, et ce sont les médias sociaux ou les programmes télévisés, qui finissent par influencer leurs comportements », ajoute le professeur Dicko.

En l’absence d’un environnement éducatif structurant, les discours de haine trouvent un écho favorable, renforçant les préjugés et les divisions.

Quelles sont les conséquences psychologiques ?

L’enseignant-chercheur et psychologue Guida Sèyo Waigalo souligne que ces discours ont des effets psychologiques délétères.

« Ils transmettent des sentiments de haine qui, à leur tour, influencent les perceptions envers une personne, une communauté, ou même un pays. Cette haine peut favoriser le développement de la violence, instaurer un esprit de rejet, et perturber les relations sociales», analyse-t-il.

Ce constat est illustré par l’expérience d’Oumar Amoh,

« Un jour, au marché, un homme m’a accusé d’être un rebelle et m’a associé à ceux qui tuent des innocents, simplement à cause de mon apparence. Même mes amis, parfois, font des remarques ou des commentaires blessants sur ma couleur de peau. Ces agressions verbales m’ont profondément marqué et m’ont fait remettre en question ma place dans la société », raconte-t-il.

Son témoignage reflète une réalité vécue par de nombreux jeunes, pris pour cible en raison de leur appartenance ethnique ou de leur identité. Cette stigmatisation constante entraîne une détresse psychologique profonde, amplifiant le sentiment d’exclusion.

Quelles initiatives concrètes peuvent constituer les premiers pas vers la résilience ?

Plusieurs initiatives ont vu le jour pour sensibiliser les jeunes, analyser les causes des discours de haine et leur proposer des solutions concrètes. 

En 2023, ThinkPeace a lancé une campagne de sensibilisation à travers des vidéos pédagogiques mettant en lumière les conséquences de la désinformation et des discours de haine combinant vidéos pédagogiques, formations et mobilisation d'influenceurs pour relayer des messages de paix et de tolérance.

« Nous pensons qu’en réduisant la radicalisation et la violence, nous contribuons à apaiser les tensions au sein des communautés  », affirme Diaguina Soumaré, responsable des programmes de ThinkPeace à Bamako.

 Ce propos illustre une volonté partagée par de nombreux acteurs, locaux et internationaux, de prévenir les effets dévastateurs de la haine sur les jeunes générations.

Pour renforcer la résilience des jeunes Maliens, il est utile de les sensibiliser aux dangers des discours de haine en ligne et de les former à les signaler. Il est également nécessaire de créer des espaces de soutien où ils peuvent partager leurs expériences et recevoir de l’aide.

Pour le professeur Dicko, d’autres solutions sont également nécessaires.


La première étape consiste en une prise de conscience individuelle : « 
chacun doit comprendre que la violence engendre seulement plus de violence, et que la haine mène à la violence. Il est essentiel d’être à l’écoute de l’autre, sans juger selon ses propres valeurs culturelles ou religieuses. Le respect du droit à la différence doit être vu comme une opportunité dans un contexte démocratique. Enfin, chaque famille devrait organiser des moments d’échange pour sensibiliser ses membres à la violence en général et les mettre en garde contre ses dangers. », dit-il.

Cependant, malgré ces efforts, il reste nécessaire de s'appuyer sur une mobilisation plus large, impliquant les familles, les écoles et les institutions publiques.

Comme le souligne Bréma Ely Dicko,

« La lutte contre les discours de haine ne peut réussir sans une action collective et soutenue et elle doit s’inscrire dans une dynamique collective, impliquant les familles, les écoles, les médias et les institutions publiques », affirme le professeur Dicko.

Le renforcement de la résilience des jeunes face aux discours de haine est une responsabilité partagée. Les familles, les éducateurs, les leaders communautaires et les institutions publiques doivent unir leurs efforts pour bâtir un Mali plus inclusif.

Selon le professeur Waigalo, il est essentiel de replacer la famille au centre de ces efforts.

« Chaque foyer doit sensibiliser ses membres aux dangers de la violence et rappeler que le respect mutuel est un pilier fondamental de toute société démocratique », insiste-t-il.

La lutte contre les discours de haine est un défi que nous devons relever ensemble. En combinant éducation, mobilisation communautaire et législation stricte, nous pouvons créer un environnement où chacun se sent respecté et en sécurité. Il est temps d'agir collectivement pour mettre fin à cette menace qui mine notre société. En multipliant les initiatives et en impliquant toutes les parties prenantes, le pays peut espérer surmonter ces défis et garantir un avenir marqué par la paix et la cohésion sociale.

Comme l'a dit Martin Luther King Jr., "L'injustice partout est une menace à la justice partout." Engageons-nous ensemble dans cette lutte essentielle pour construire un avenir meilleur pour tous.


Hadeye Maiga pour Kalux fm, la voix de l’inclusion

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