Face au chômage, une nouvelle génération transforme défis en opportunités grâce à des initiatives audacieuses et impactantes.
Alors que le chômage des jeunes reste un défi majeur au Mali, touchant 5,7 % de la population active selon le dernier rapport de l’Enquête modulaire et permanente auprès des ménages (EMOP) de l'INSAT, une génération de jeunes entrepreneurs audacieux redéfinit l’économie locale.
Face à un marché de l’emploi limité, ces jeunes transforment leurs passions et leurs idées novatrices en entreprises dynamiques, apportant ainsi une solution concrète aux défis socio-économiques du pays.
Avec une majorité de la population malienne constituée de jeunes, l’entrepreneuriat s’impose comme une voie incontournable. Selon l’EMOP, 60,8 % de la population active au Mali sont des travailleurs indépendants ou des chefs d’entreprise, tandis que seulement 11,5 % occupent des postes salariés.
Ces chiffres témoignent d’une culture entrepreneuriale profondément ancrée dans la société malienne, mais aussi de la nécessité pour les jeunes de créer leurs propres opportunités.
À travers trois exemples inspirants, cet article met en lumière des parcours qui incarnent l’ingéniosité et la détermination de cette nouvelle génération.
Salimata Diarra : De la couture à l’autonomisation des femmes
Pourtant, son parcours n’a pas été sans embûches. « J’ai rencontré beaucoup de difficultés au début, surtout pour trouver des financements, mais grâce au soutien de ma famille, j’ai pu m’en sortir, alhamdoulilah », confie-t-elle. Après avoir abandonné ses études au niveau du Diplôme d’Études Fondamentales (DEF), elle a suivi une formation de trois ans en couture, ce qui l’a motivée à lancer son propre atelier. Aujourd’hui, six ans après ses débuts, elle continue de développer son activité tout en formant d’autres jeunes femmes, contribuant ainsi à la création d’emplois dans sa région.
Maouloud O. Boudjouma : La communication au service des communautés
Maouloud O. Boudjouma, 29 ans, est un entrepreneur passionné résidant à Sénou, un quartier de Bamako. Diplômé en droit, il s’est orienté vers la communication multimédia en fondant Ilaré Communication, une entreprise multisectorielle regroupant une web TV (Ilaré TV), des services d’impression et de production audiovisuelle.
« Ma reconversion dans les médias n’était pas prévue », explique-t-il. Après avoir acquis une expérience pratique en communication, il a découvert son potentiel et a créé son agence. Depuis, Ilaré TV est devenue un acteur clé dans les quartiers de Sénou Banankoro et Sanankoroba, offrant une plateforme pour promouvoir des événements locaux et donner une visibilité aux entrepreneurs de la région.
Cependant, Maouloud n’a pas échappé aux défis habituels des jeunes entreprises. Le financement du matériel et la sensibilisation du public à la spécificité des web TV restent des obstacles. « Beaucoup confondent encore les web TV avec les chaînes classiques, ce qui freine leur acceptation », regrette-t-il. Malgré tout, il ambitionne de professionnaliser davantage le secteur médiatique malien et de renforcer l’impact des médias sur les communautés locales.
Traoré Tamou : L’entrepreneuriat linguistique pour de nouveaux horizons
L’idée de cette entreprise est née d’un constat de son frère aîné, militaire en Allemagne, sur le besoin croissant de services d’accompagnement linguistique au Mali. « Bien que l’initiative vienne de mon frère, j’ai toujours rêvé d’avoir ma propre entreprise », raconte Traoré. Lancé en décembre 2019, le projet a rapidement rencontré des difficultés, notamment lors de la pandémie de Covid-19, qui a entraîné l’arrêt complet des activités pendant près de deux ans.
Aujourd’hui, l’entreprise connaît un nouvel essor. « L’Allemagne offre de nombreuses opportunités professionnelles, même pour les jeunes sans diplômes supérieurs. Nous sensibilisons nos candidats à ces possibilités tout en leur fournissant les informations nécessaires pour réussir leur projet d’immigration légale », précise-t-il. Ce projet ne se limite pas à l’enseignement des langues : il vise également à promouvoir une migration responsable et éclairée, en évitant les pièges des voies illégales.
Entrepreneuriat : Une voie essentielle pour les jeunes Maliens
Ces parcours montrent que l’entrepreneuriat, bien que semé d’embûches, représente une solution clé face au chômage et au sous-emploi des jeunes. Toutefois, ces initiatives individuelles soulignent également les défis structurels auxquels les jeunes entrepreneurs maliens sont confrontés : l’accès limité au financement, le manque de formations adaptées et une faible reconnaissance des nouvelles formes de commerce, comme les médias numériques.
Pour que ces projets se multiplient et prospèrent, des mesures de soutien plus ciblées sont nécessaires. Des programmes de microcrédits, des formations en gestion d’entreprise, ainsi que la simplification des démarches administratives pourraient grandement contribuer à l’épanouissement de ces jeunes talents.
En définitive, les histoires de Salimata, Maouloud et Traoré témoignent d’une jeunesse malienne résiliente, capable de transformer les défis en opportunités. Ces entrepreneurs ne se contentent pas de créer des entreprises ; ils apportent une véritable contribution à leurs communautés et ouvrent la voie à une transformation économique durable.
L’entrepreneuriat au Mali n’est pas seulement un moyen de subsistance : c’est un moteur de changement social et économique. En soutenant davantage ces initiatives, le pays pourrait non seulement réduire le chômage, mais aussi tirer parti de la créativité et de l’innovation de sa jeunesse, pierre angulaire de son avenir.
Hadeye Maiga pour Kalux fm , la voix de l'inclusion