Un enjeu de gouvernance inclusive
La gouvernance locale, selon Youssouf Keita, acteur de la société civile et formateur en développement communautaire, se définit comme
“la gestion participative des affaires publiques au niveau des collectivités territoriales, impliquant les autorités locales, la société civile et les citoyens”.
Pour la jeunesse, cette implication est essentielle : elle leur permet de développer des compétences en leadership, de défendre leurs droits et de contribuer activement au développement de leurs communautés.
Youssouf Keita |
Dans ce cadre, l’implication des jeunes est essentielle pour refléter les besoins spécifiques de cette tranche d’âge, elle leur permet de développer des compétences en leadership, de défendre leurs droits et de contribuer activement au développement de leurs communautés.
“ Cependant, leur participation reste limitée. Cette sous-représentation est souvent attribuée à des facteurs culturels, institutionnels ou encore à un manque de formation. Pourtant, une gouvernance inclusive, qui implique les jeunes ainsi que d’autres groupes sous-représentés comme les femmes, pourrait favoriser des décisions plus équitables et adaptées aux réalités des populations”, ajoute-il.
Quels leviers pour mobiliser la jeunesse ?
Afin de permettre une meilleure participation des jeunes dans la gouvernance locale, plusieurs pistes peuvent être envisagées. Selon Youssouf Keita, la mobilisation des jeunes dans la gouvernance locale repose sur plusieurs approches clés.
“ L’éducation civique et les campagnes de sensibilisation jouent un rôle crucial pour renforcer leur compréhension de leurs droits et responsabilités. Mais il est également nécessaire de créer des espaces spécifiques tels que les Conseils Communaux de Jeunes ou les dialogues intergénérationnels”, explique-t-il.
Pour lui,
Des exemples concrets à suivre
Certaines initiatives locales illustrent les résultats possibles d’une meilleure implication des jeunes.
Par exemple, le Réseau des Groupements d’Engagement Communautaire du Mali (RGEC), dirigé par Fanta Diaw, a permis d’intégrer de nombreux jeunes dans les conseils communaux grâce à des formations et des campagnes de sensibilisation. Ces efforts ont contribué à une meilleure prise en compte des besoins locaux dans les décisions publiques.
Pour Fanta Diaw
Fanta Diaw |
“Leur participation garantit une meilleure représentation des intérêts communautaires et un contrôle citoyen accru sur les élus”, souligne-t-elle.
Un autre exemple est l’association Démocratie 101, coordonnée par Samerou Diallo. Avec le soutien du Fonds Canadien d’Initiatives Locales, cette organisation a formé des centaines de jeunes, notamment dans les zones rurales de Safo, Baguinéda et Koulikoro. Ces formations ont encouragé une participation active dans les processus décisionnels locaux, montrant que, lorsqu’ils disposent des outils adéquats, les jeunes peuvent transformer leurs communautés.
Samerou Diallo, Coordinateur national de l’association Démocratie 101, insiste sur l’importance de sensibiliser les jeunes à leur rôle dans la gouvernance locale.
“ Nous avons formé et mobilisé des centaines de jeunes pour s’investir dans des actions citoyennes et participer pleinement à la gestion des affaires publiques”, déclare-t-il.
Des défis persistants
Malgré ces avancées, plusieurs obstacles freinent encore la participation des jeunes dans la gouvernance locale :
Manque de ressources financières pour soutenir des initiatives portées par les jeunes.
Barrières culturelles et perception des jeunes comme inexpérimentés ou peu fiables.
Inégalités d’accès aux infrastructures numériques, en particulier dans les zones rurales.
Pour surmonter ces défis, une collaboration étroite entre les autorités locales, la société civile et les partenaires internationaux est indispensable. Cela implique d’investir dans des initiatives à long terme et de valoriser les succès des jeunes leaders pour inspirer une mobilisation durable.
Une jeunesse prête à bâtir l’avenir
L’intégration des jeunes dans la gouvernance locale ne se résume pas à une question de représentativité. Il s’agit d’un levier essentiel pour un développement durable et inclusif. Comme l’explique Samerou Diallo :
“L’implication des jeunes est nécessaire pour une participation inclusive de toutes les couches de la société. Leur mobilisation et leur capacité à prendre des initiatives renforcent la démocratie et contribuent à un développement durable bénéfique à tous.”
Avec les outils, le soutien et les espaces nécessaires, les jeunes du Mali ont le potentiel de contribuer significativement à la transformation de leurs communautés. Une gouvernance locale qui intègre pleinement cette jeunesse pourrait poser les bases d’un avenir plus équitable et participatif pour tous.
Hadeye Maiga pour Kalux fm, la voix de l’inclusion