Né vers 1830 à Miniambaladougou (actuellement au sud-est de la Guinée), ce fils de marchand dyula (Koniaké-malinké) grandit dans une Afrique de l’Ouest en pleine mutation du fait du nombre croissant de contacts avec les Européens. Le commerce avec l’Europe avait rendu riches certains États africains, pendant qu’une utilisation croissante des armes à feu modifie la guerre traditionnelle. Ses parents avaient abjuré l’islam pour se convertir au
paganisme .
En 1848, la mère de Samory, Sokhona Camara, est capturée pendant un raid mené par Sory Bourama, du clan Cissé , et réduite en esclavage. Ne disposant pas de l'argent nécessaire pour la racheter, il doit, pour obtenir la libération à terme de sa mère, se mettre au service des Cissé auprès desquels il apprend le maniement des armes. D'après la tradition, il reste à leur service « sept ans, sept mois, sept jours ».
Il s'engage ensuite pour deux ans dans l'armée de Saransware-Mori , faama (dirigeant militaire) des Bérété, ennemis des Cissé , avant de rejoindre son propre peuple, les Camara . Nommé
kélétigui (chef de guerre) à Dyala en 1861, Samory prononce le serment de protéger son peuple contre les Bérété et les Cissé. Il crée une armée professionnelle et nomme ses proches, notamment ses frères et des amis d'enfance, à des postes de commandement.
En 1864, El Hadj Umar Tall , le fondateur d'un empire en pleine expansion qui domine alors la région du Haut Niger , l' Empire Toucouleur, meurt. Cet empire se désagrège, les généraux et les dirigeants locaux luttent pour créer leurs propres États.
En 1867, Samory est un chef de guerre à part entière, possédant sa propre armée regroupée à Sanankoro dans les hautes-terres guinéennes, sur les bords du Haut- Milo, un affluent du fleuve Niger . Il comprend vite qu'il a deux tâches primordiales à accomplir : créer une armée efficace et loyale dotée d'armes à feu modernes, et construire un État stable. C'est à cette époque qu'il se convertit à l'islam, conscient que la cohérence de son royaume va reposer notamment sur la religion. Du reste, le titre d'« almami » qu'il adopte en fait un chef à la fois temporel et spirituel. Il décrit son état comme un "état guerrier et marchand"...dont les marchandises sont souvent des esclaves des tribus conquises.
En 1876, Samory peut importer des fusils à chargement par la culasse par l'intermédiaire de la colonie britannique de la Sierra Leone . À la tête de son armée, composée essentiellement de fantassins armés d'un sabre, d'un poignard et d'un fusil, il s'empare du district de Buré dans la région de Siguiri, riche en or (actuellement à cheval sur la frontière entre la Guinée et le Mali ), en vue de renforcer ses finances. En 1878 il est assez puissant pour s'autoproclamer faama (« dirigeant militaire ») de son propre Empire Wassoulou. Il fait de Bissandougou sa capitale et entame des échanges commerciaux et diplomatiques avec l' Empire Toucouleur voisin et déclinant.
En 1881, après une dure lutte, Samory est capable de sécuriser son emprise sur Kankan , ville clé du commerce Dyula, située au bord du Haut- Milo. Kankan est alors un centre du commerce de la noix de kola , stratégiquement positionné pour contrôler les routes de commerce avoisinantes. En 1881, le Wassoulou s'étend en Guinée et au Mali , depuis l'actuel
Sierra Leone jusqu'au nord de la Côte d'Ivoire et Bobo Dioulasso au Burkina Faso.
Pendant que Samory conquiert les nombreux petits États tribaux qui l'entourent, il manœuvre aussi pour sécuriser sa situation diplomatique. Il engage des relations régulières avec les Britanniques en Sierra Leone , et tisse des liens prometteurs avec l'État théocratique du Foutah Djallon.
Source : Wikipedia